Des clowns à Mousseron
Printemps 1993. L’ouverture du Festival de Clowns du Prato est proche et Gilles Defacque grand ordonnateur, décide de mener les choses tambour battant et trompettes à l’avenant. Il fait appel à quelques rescapés de l’antique Fanfare Pétérinck qui recrutent du personnel puis composent et arrangent (le mot est faible) quelques oeuvrettes dignes des menus plaisirs du grand roi Louis, version burlesque. A l’Idéal Ciné ou se déploient les fastes du « Grand gala annuel des pitres », trilles et appogiatures fusent. Le public entre en pâmoison. Au bar, la bière coule à flots. Le Grand Mamamouchi de la rue des Bouffons exulte. La Fanfare est née. Pendant plus d’une année elle sera la bande sonore vivante des superproductions du Théâtre international de quartier.
Automne 1994. Elle cesse sa collaboration avec Le Prato, et la bande s’enfuit avec la malle de costumes au grand dam des clowns qui se retrouvent tout nus ! Les augustes réussiront néanmoins, grâce aux généreuses subventions des autorités, à s’offrir une paire de vestes trouées, deux pantalons trop grands et une cafetière hors d’usage afin de remonter leur célèbre Polka des Saisons.
Zeph Cafougnette passant par là, en bon garçon bien de chez nous, compatissant à leur misère et, il faut bien le dire, frappé par le luxe et la munificence des nippes qu’ils ont dérobées aux paillasses, leur propose une nouvelle aventure : ressusciter papa Mousseron et l’élever au rang d’auteur national et pourquoi pas international quoique mineur.
Valses et rigaudons Commence alors la longue quête de la reconnaissance artistique : Denain, Harnes, Saint-Amand, Petite-Forêt, Douai, Tourcoing, Escaudoeuvres, Prouvy, Raismes, Dunkerque, Arras, Lomme, Lille, etc. Nos compères, Jacques Cafougnette Bonnaffé en tête, écument la région et s’attirent partout la sympathie et l’estime d’un public grandissant et subjugué par la luxuriance de leurs tenues.
Notre fière équipe, emportée par le tourbillon du succès, se retrouve à Avignon, Marseille, partout en France et enfin à Paris où l’on peut voir le portrait du grand Saint-Denis, celui-là même qui impressionna tant Zeph Cafougnette et Batiss’ Boudaine quand ils le virent. Dix jours durant le Théâtre de la Bastille où ils officient est pris d’assaut. Le gotha du spectacle les visite, les médias s’emparent du phénomène Cafougnette et La Fanfare est louée pour la qualité d’interprétation des ariettes nordiques qui composent son répertoire.
Hélas toute médaille a son revers. Dans la grande ville cosmopolite la mondialisation fait rage. La capitale résonne de rythmes exotiques et inconnus tels le cha-cha-cha ou le samba. Nos virtuoses du rigaudon s’en trouvent la fibre mélomane toute bouleversée et s’abandonnent à quelques unes de ces cadences étranges venues d’ailleurs. Si bien que maintenant, lorsqu’à la fin d’une valse ou d’une polka piquée, ils attaquent un de ces hymnes barbares à nos campagnes, l’auditoire, d’abord décontenancé puis comme envoûté aux accents insolites de la musique, entre dans une sorte de transe sauvage et débridée impossible à contenir. Les spécialistes se perdent en conjectures face à un tel phénomène, d’autant qu’ils se voient eux-mêmes gagnés par l’extravagance lorsqu’ils s’avisent de l’observer in vivo.
Ils ont joué dans La Fanfare
- Flûte piccolo :
- Christelle Barbosa De Castro
- Cornet à piston, trompette, bugle :
- Richard Cuvillier, Marc Dosière
- Saxophones :
- Henri Binauld à l’alto, Alain Bugelli à l’alto et Jean Lespinasse au ténor
- Trombones :
- Marc Hardy, Léon Véga
- Sousaphone :
- René Delberghe
- Percussions :
- Nourdine Bouali, Jacques Francesini, Bernard Maté, Patricia Maté, Valentin Maté, Frédéric Savinien Caprais, Patrick Sourdeval, Eric Blondel