Les maux moches
Entre 1914 et 1918, Jules Mousseron laisse tomber Cafougnette. On n’a pas le goût à la blague durant cette occupation des armées allemandes à Denain. Les Boches au Pays Noir constitue un carnet au quotidien de cette violence insoutenable, raconte le courage des uns et des autres et décrit ces occupants issus d’une autre culture. Il est très utile de les entendre ces textes-poèmes, mais ce n’est pas un spectacle, c’est un échange, une réflexion. Cette soirée du 14 mars se double d’une conférence, avec des invités-surprises… En attendant, on peut écouter les textes en pages dédiées : Les Boches au Pays Noir.
Not’Jules sans Zeph ? Quo qui dit ?
Mais qu’est-ce qui ratatouille, ch’ti-là ? Mousseron sans Cafougnette ?
D’entre tous les souvenirs laissés par la guerre et l’occupation de 1914, on trouve ce livre surprenant de Mousseron : Les Boches au Pays Noir. Le titre nous embarrasse. Plus que d’autres, les habitants du Nord ont œuvré à la réconciliation après la Seconde Guerre mondiale : ils comptent aussi sur leurs auteurs et l’intelligence des mots. Ne plus réactiver la haine, tout faire pour briser les caricatures et les préjugés, jumeler les villes à tour de bras, compter sur la jeunesse, connaitre ses voisins.
À la faveur du centenaire de 14-18, les invectives retrouvent un contexte : les Boches dans ce pays des corons sont les armées qui occupent Denain et ses environs, le tribut de la défaite est la soumission des fabriques et des machines au service de l’industrie allemande. Jules Mousseron raconte les jours et les semaines à travers 40 textes rimés. Il dit la violence de la guerre au présent, on peut l’imaginer identique dans toutes les régions du monde soumises à la loi des armées conquérantes. Mousseron dit la souffrance de ceux qui se taisent et subissent.
Pas question de faire un spectacle en partant de ces textes, je voulais cependant les faire entendre. Ils ont été écrits pour la voix et la déclamation. Ils ont une ardeur sonore qui m’a amené à les enregistrer pour le site internet cafougnette.com, façon d’explorer Mousseron toujours plus à fond. Et sans établir une conférence ni un QG des souvenirs, l’occasion était trop belle d’inviter des amis des experts et témoins de la mémoire pour une soirée autour de ces pages. On y ajoutera bien quelques histoires ed’ Cafougnette, allez !
Nous serons donc un petit nombre en scène et ne manquerons pas de rectifier le tir, pardon de rectifier le titre vengeur. Je peux vous vendre la mèche : j’allais afficher Les Allemands et pis les Ch’timis. On se souvient de Christian Carion, qui a filmé Joyeux Noël dans les tranchées avec Dany Boon. J’ai eu la chance de tourner avec lui cet été En mai fait ce qu’il te plait énorme réalisation pour le cinéma, entre Arras et Bapaume, et qui raconte l’exode des populations du Nord et de Belgique en juin 39. On sait que Roland Poquet jamais ne s’arrêtera de propager la culture et avec Bernadette de nous faire aimer et partager le théâtre. En juin 14 de ce siècle-ci ils ont monté un spectacle-fresque sur Esquerchin pendant la Première Guerre. J’espère pouvoir compter sur eux. Les acteurs du Centre Historique minier et André Dubuc importent aussi dans ce travail des mémoires. J’aimerais les compter parmi les témoins et les invités de ce soir-là. Les Allemands pis nous’autres… c’est toute une histoire.